L’union fiscale depuis 1790


 

 Vous ne l’avez probablement jamais remarqué, mais sur les billets de 10 dollars, il y a le portrait d’Alexander Hamilton. C’est l’un des Pères Fondateurs des Etats-Unis. Il est mort en 1804, sur les bords de l’Hudson river, lors d’un duel resté célèbre, contre son ennemi juré, Aaron Burr. Pour défendre son honneur, et ses idées.

En 1790, les treize « colonies » américaines, qui se sont récemment unies en remportant la guerre d’indépendance, sont en pleine crise. Chacun des États est lourdement endetté. L’origine de la dette est commune : la guerre contre les Anglais.

Hamilton eut l’idée géniale qui sauva les jeunes États-Unis du désastre et de la sécession : l’union fiscale. Il proposa de transférer les dettes des treize États au gouvernement fédéral, qui les rembourserait grâce à une taxe sur les importations et sur le Whisky. Au lieu de treize livres de compte, le service de la dette fut largement simplifié, et une politique fiscale cohérente mise en place, qui permit de faire face aux obligations de remboursement.

Comme rien n’est simple, la situation de chacun des États était fort différente, certains ayant déjà bien amorcé le remboursement de leurs dettes. Avec une fracture géographique : au nord des Etats plus dispendieux, au sud des Etats plus riches.

L’union fiscale proposée par Hamilton provoqua la fureur des planteurs fortunés de Virginie, qui n’acceptaient pas l’idée de prendre à leur charge un fardeau financier dont ils ne se sentaient nullement responsables. En fin négociateur, Hamilton proposa, en compensation de leur effort, de transférer le siège du gouvernement sur les bords du Potomac.

L’union fiscale a permis aux Etats-Unis de prospérer, et surtout de ne pas se disloquer en pleine crise. Ce qui semblait détestable aux hommes politiques les plus éminents de cette époque leur est finalement apparu comme la seule solution pour sauver leur union et éviter la guerre.

Il n’y a pas d’autre issue pour l’Europe. Il sera peut-être plus difficile de déplacer le siège du gouvernement Grec sur les bords de l’Elbe, mais les inspecteurs allemands sont déjà à Athènes. Nous suivrons l’exemple américain.

Le sens de l’histoire, c’est une Europe plus soudée, avec une monnaie, une armée et des inspecteurs du fisc en commun. Churchill avait dit à De Gaulle : « le progrès est aussi inéluctable que le sucre qui fond dans la tasse de thé. Mais rien n’empêche de tourner la petite cuillère ».

Il reste donc à trouver notre Alexander Hamilton.

NB : Potomac est le fleuve qui coule à Washington, capitale des Etats- Unis. En 1790, l’Etat de Virginie s’étendait jusque là

Avec l’autorisation de son auteur François Badelon*

 *Lettre trimestrielle d’Amiral gestion (Octobre 2011)

Publié par Docteur Olivier Badelon, sur Facebook – jeudi 20 octobre 2011, 12:02

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