Les soignants peuvent avoir un rôle essentiel dans la prévention des accidents de l’enfant


Texte publié en introduction du premier colloque européen sur l’Enfant et la Sécurité en Europe qui a eu lieu en 1992 à Paris, organisé par l’auteur avec le Club Européen de la Santé.

A priori les soignants sont situés au bout de la chaîne accidentelle et leur rôle essentiel est de soigner. La recherche et l’analyse des circonstances de l’accident font partie d’une démarche diagnostique systématique qui permet d’engager le plus rapidement possible une thérapeutique adaptée.

Cela nous amène très souvent à un sentiment de révolte car un grand nombre de ces accidents, comme tout autre accident, résulte d’une cumulation d’erreurs ou de négligences qui auraient pu être facilement évitées. En général nos préoccupations sont alors de soigner et d’assumer les suites qui sont parfois très lourdes et les considérations immédiates passent au second plan.

Cependant les données accumulées dans nos observations ne doivent pas simplement nourrir des statistiques épidémiologiques.

Notre rôle est d’attirer l’attention de la population, des industriels et des pouvoirs publics pour améliorer les conditions de protection des produits et des appareils dangereux pour les enfants et pour améliorer leur cadre de vie. C’est-à-dire la rue et la route avec les véhicules qui y circulent et notamment les voitures particulières qui transportent un grand nombre d’enfants, le cadre scolaire et sportif, et aussi le cadre domestique qui est beaucoup plus large qu’on pourrait le penser. Il correspond aussi bien à la résidence principale qu’à la résidence secondaire ou au logement de vacances. Il concerne aussi bien l’appartement citadin que la maison rurale avec son jardin et parfois le cadre de travail des parents, notamment à la ferme.

Notre rôle est aussi celui d’expliquer de façon pratique et répétitive les risques encourus. Cette action éducative peut être ponctuelle auprès des enfants et des parents concernés par l’accident. Elle peut être facilement étendue à notre milieu, familial et relationnel. Elle mériterait d’être plus souvent démultipliée dans le cadre d’une démarche coordonnée d’éducation sanitaire et sociale et d’éducation scolaire.

Cette démarche éducative me paraît fondamentale si nous voulons faire une prévention efficace et facilement acceptée par la population, notamment quand elle repose sur des mesures répressives, car « l’accident est toujours pour les autres ». Cette réflexion est valable pour des enfants qui sont en âge de jouer avec la mort ou au docteur, elle est aussi valable pour des adultes qui ralentissent sur l’autoroute devant un accident, plus par curiosité que par prudence, et qui se remettent ensuite à « foncer », comme si ils n’avaient rien vu. En fait ils n’ont souvent rien vu où si ils ont vu, ils n’ont pas compris.

C’est notre rôle de soignant de montrer la vérité et de l’expliquer, encore et encore.

O. Badelon

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