FUITE(S)


Olivier BERNHEIM – ancien Avocat au Barreau de Paris, retraité

La multiplication, en hausse, des refus d’obtempérer en voiture, pose un problème qui dépasse la question d’une banale manifestation anticivique.

Une voiture peut constituer une arme.

Instrument formidable de liberté, difficilement remplaçable, elle devient dans certains cas arme de destruction civile.

Le déferlement d’automobilistes non assurés, non titulaires du permis de conduire, conduisant sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue, voire des deux à la fois, aboutit à une multiplication des refus d’obtempérer pour échapper à des sanctions. Et dans certains cas, ça dérape ! L’on ne compte plus les membres des forces de l’ordre écrasés ou blessés, les conducteurs ou piétons, tiers innocents, tués ou blessés par une embardée pour tenter d’échapper à tout prix, décès d’autrui compris, aux forces de l’ordre.

La qualification de délit ne suffit pas, ou plus, à créer la moindre dissuasion (actuellement, jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 15.000 € d’amende), et les conséquences, certes relativement rares, mais trop souvent trop graves, provoquent des ruines de vies, socialement inacceptables. L’augmentation du nombre d’automobilistes et le dévoiement des comportements imposent désormais un changement de législation pour provoquer une salutaire modification des actes.

Le geste de tout faire pour se soustraire au contrôle ne se limite pas à une banale incivilité.

Le comportement délibéré de se placer au-dessus des lois génère un danger social imminent et à terme, aux conséquences potentiellement dramatiques pour autrui (blessures, mort, familles victimes), mais aussi ruineuses pour la société : dans de nombreux cas c’est le FONDS DE GARANTIE, la collectivité, qui paiera, le remboursement ultérieur du FONDS par le délinquant restant aléatoire.

Lorsque la sanction existante devient impuissante à elle seule à dissuader, et que les conséquences des actes se trouvent décuplées, ne convient-il pas d’en relever le niveau de répression ?

Notre pays, tradition du boire oblige, reste indéfectiblement réfractaire au taux zéro d’alcoolémie au volant, là où, depuis les années 50-60 certains pays, comme la SUEDE, l’a institué avec succès. L’alcool est responsable de près de 30 % des morts sur la route, et pourtant les pouvoirs politiques de tout bord ont toujours calé devant une mesure de bons sens qui parait s’imposer d’elle-même : cela clôt tous les débats sur le nombre de verres autorisés. Cela n’empêche pas de boire, mais d’y ajouter la conduite automobile et/ou la drogue, incompatibles. Jusqu’à quelle catastrophe mortelle devra-t-on aller (3, 4 ou 20 morts d’un coup) pour avancer dans la bonne voie ?

Au début des années 70 un gouvernement responsable a fait preuve de vrai courage politique en imposant la limitation de vitesse et le port de la ceinture de sécurité pour endiguer l’hécatombe routière. Et ça a porté ses fruits.

C’est le même courage qui, depuis, a gravement fait défaut pour éradiquer l’alcool au volant. Le moment est venu de mettre un terme aux atermoiements lénifiants, et d’imposer le taux zéro d’alcool et de drogue au volant, comme l’a sagement préconisé en vain Claude GOT, récemment disparu, pendant tant d’années.

Mais la même remarque vaut aujourd’hui aussi pour le refus d’obtempérer, plaie de l’automobile moderne, dont il devient urgent, avec détermination et courage, de se débarrasser sans attendre lâchement de nouvelles catastrophes. Soit il convient, avec force publicité, de faire passer le risque de sanction à 5 ans d’emprisonnement et 100.000 € d’amende, soit de criminaliser l’infraction, notamment en cas de volonté de blessure sur un membre des forces de l’ordre. Peut-être les deux, qui ne se confondent pas.

Ou faudra-t-il attendre qu’un mécontent agressivement procédurier ose mettre en cause la responsabilité pénale de gouvernants successifs trop inertes pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui ?

L’actualité récente impose que ces deux mesures soient mises en œuvre sans délai.

Olivier BERNHEIM

19 août 2023

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