Prévention et éducation de la Santé en 1987


Synthèse d’un rapport remis au groupe santé du GESEC pour la préparation de la campagne présidentielle de Raymond barre

1 – INTRODUCTION

La connaissance du corps et du psychisme humains, la connaissance des maladies et de leurs risques, une information objective sur les grands fléaux permettraient de mieux faire accepter les contraintes person­nelles et collectives de la prévention. Une réflexion sur ces problè­mes demande une approche parallèle de l’évolution des moeurs de notre Société dont certains aspects ont un rapport direct avec la prévention et l’éducation de la population en matière de santé. Il paraît impor­tant de les envisager en préambule car elles devraient être prises en compte dans une démarche politique dont le but est de préparer l’Avenir.

1.1. L’ÉVOLUTION DES MOEURS :

Après la fièvre de reconstruction et le baby-boom de 1’après guerre, les jeunes générations ont grandi sans idéal, sans projet d’avenir, avec l’appréhension de la guerre nucléaire au-dessus de leur tête. Le champignon atomique est devenu une réalité qui a supprimé inconsciem­ment la volonté de se projeter dans l’avenir à travers les enfants ou une construction à long terme, avec parallèlement un appétit égocentrique de jouir de l’instant présent.

La libération des moeurs et la désuétude des taboux religieux ont précipité la jeunesse dans les plaisirs du sexe. Malheureusement, certains peuvent être déçus car cela ne correspond pas toujours à leur espérance. C’est souvent après des expériences malheureuses de ce genre que les communions de groupe ou la drogue les attirent dans l’impasse.

L’absence de références parentales n’arrange rien. Le transfert de responsabilité de l’éducation des enfants vers les institutions tra­duit bien la carence de plus en plus importante des parents dans ce domaine. L’angoisse de l’avenir chez les jeunes femmes, dont la fonc­tion maternelle n’est plus protégée ni encouragée par la Société et ses lois, se traduit par la nécessité du travail hors du domicile et la désaffection dans l’éducation des enfants et la vie de la cité.

1.2. LE RÔLE DU MÉDECIN ET SA PLACE DANS LA SOCIÉTÉ

« Le juge, le médecin, le prêtre, le professeur, voilà 4 acteurs dont le statut social n’a plus la considération qu’il avait dans le passé« . Le médecin de famille avait un rôle considérable dans notre Société, notamment dans l’éducation sanitaire et dans la prévention générale. Il a vu son rôle dépersonnalisé petit à petit, grignoté par les impé­ratifs budgétaires et la dévalorisation de son temps de travail. Ce phénomène a été considérablement amplifié par l’emballement de la démographie médicale dont il ne faut pas aller chercher les respon­sables dans les facultés de médecine* Il ne pouvait s’agir que d’un choix politique dont les responsables devraient être conscients.

La démarche éducative et préventive du médecin a pratiquement disparu actuellement de son exercice habituel.

1.3. LES PROTECTIONS SOCIALES

La politique de remboursement de la Sécurité Sociale s’adresse essen­tiellement aux soins curatifs et aux conséquences de la maladie. Elle correspond à une politique à court terme qui se préoccupe peu de la véritable prévention, laquelle commence par des investissements aux­quels toute la population doit être associée à partir d’un grand pro­jet porteur d’avenir.

Il paraît évidemment très difficile d’envisager dans la conjoncture des investissements financiers supplémentaires.

Ces considérations sont essentielles pour pouvoir aborder notre sujet qui est de faire des propositions pratiques en matière de prévention et d’éducation de la santé.

2 – PROPOSITIONS

2.1. L’HYGIÈNE PUBLIQUE

Type de questions : que pensez-vous des conditions d’hygiène dans nos villes qui sont de plus en plus surpeuplées ?

Réponse s l’amélioration des conditions sanitaires et de l’hygiène est certainement la prévention la moins coûteuse. Il existe déjà un effort important d’éducation sanitaire dès la maternelle. Je crois qu’il ne faut pas oublier l’exemple des parents en cette matière car les en­fants ont un don de mimétisme extraordinaire. Certaines facilités fiscales pourraient être accordées aux marques de savon ou de denti­frice qui donneraient un caractère éducatif à leurs affiches ou à leurs spots publicitaires.

La pollution humaine a été considérablement améliorée par la générali­sation de l’utilisation des sanitaires dans les lieux publics, par contre, la pollution animale dans certains quartiers met en danger la santé de la population et surtout des enfants qui vivent au ras du sol. L’attitude des contractuels devrait être plus sévère vis-à-vis des propriétaires d’animaux pris sur le fait et des responsables du pas de porte qui devraient nettoyer leur trottoir. Là aussi, une in­tervention par l’intermédiaire des médias, des corps de métier qui profitent de cet engouement pour les animaux domestiques pourrait être intéressante.

2.2. LA PROTECTION VACCINALE DE LA POPULATION

Type de questions : que pensez-vous de l’efficacité du système de vaccination en France ?

Réponse : l’efficacité des vaccinations est réelle dans la mesure où elles sont faites et renouvelées. Les enfants sont bien protégés car ils sont dans une structure très directrice. Le service militaire est ensuite un filtre efficace pour la population masculine alors que les femmes y échappent complètement. La protection baisse ensuite de façon très nette avec l’âge.

L’exemple du tétanos est assez caricatural. Alors que les dépenses de prévention atteignaient déjà 200 millions de francs en 1980, nous avons toujours 1 décès par jour dû au tétanos sans compter les séquelles des survivants après un long séjour passé en réanimation. Actuellement, 35 % seulement de la population adulte est correctement vaccinée. Les catégories les plus défavorisées sont les personnes âgées (22 %) et surtout les femmes au foyer (20 %). Pourtant, 70 % de cette même population a une bonne connaissance de la vaccination et des risques mortels du tétanos, et ce sont justement les femmes qui sont les mieux renseignées à ce sujet. L’impact de l’information est évident puisque 82 % de ceux qui ont entendu parler récemment du tétanos ont été vaccinés correctement. Malheureusement, les moyens d’information utilisés actuellement touchent seulement 20 % de la population (50 % par les professions de santé ou leur entourage di­rect, et 20 à 30 par les médias).

A côté des vaccinations obligatoires, il n’existe pas de structure vraiment organisée pour la vaccination de l’hépatite ou la vaccination anti-grippale, en dehors de situations très privilégiées.

Des propositions pratiques peuvent être faites pour améliorer très vite cette situation.

  1. généralisation de l’utilisation de la carte de vaccination.
  2. vérification de la validité des vaccinations obligatoires pour percevoir les prestations sociales.
  3. valorisation de l’acte de vaccination auprès des médecins installés et des urgences hospitalières qui ont déjà un rôle prépondérant ; renforcement du rôle de la médecine du travail dont le caractère obligatoire pour les personnels titulaires devrait être étendu aux personnels non titulaires, sous la responsabilité de l’employeur.

 

2.3. LES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES

Type de questions : l’épidémie mondiale de S.l.D.A. remet au premier plan de nos préoccupations les maladies sexuellement transmissibles. Qu’en pensez-vous ?

Réponse : le Docteur MALHER, Directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé, pense que dans 5 ans, 100 millions de personnes seront contaminées par le virus. Ce qui fera probablement au moins 30 mil­lions de véritables SIDA qui seront mortels dans les années suivantes si l’on considère qu’environ 30 % des sujets atteints par le virus développeront un SIDA (ce chiffre est probablement minimisé ; il y a probablement plusieurs virus avec des possibilités de mutations et on peut imaginer qu’une vaccination ne puisse pas être efficace sur tous).

L’O.M.S. prévoit un budget de 1,5 milliard de dollars par an pour lutter contre le SIDA et les Etats-Unis en prévoient à eux seuls 2 milliards de dollars par an.

La gravité du SIDA nous demande de réfléchir très vite sur une poli­tique de santé véritablement préventive en proposant des solutions pratiques. Cependant, il ne faut pas oublier que les autres maladies sexuellement transmissibles restent toujours d’actualité. Il faut savoir que les infections génitales sont l’une des causes les plus importantes de stérilité féminine.

Pour le moment, les meilleurs moyens de prévention restent classi­ques

1 – Le dépistage : alors que le dépistage systématique au niveau de toute la population est sans intérêt, celui des populations à risque s’impose. Il est déjà fait au niveau des donneurs de sang. Il devrait être étendu à toutes les professions exposées, notamment le corps médical et paramédical. Un dépistage systématique devrait être également institué à l’occasion des contrôles de police des prostituées et des toxicomanes. La nécessité d’un dépistage aux frontières est un tout autre problème qui demande une réflexion du corps médical et notamment des épidémiologistes au niveau européen et mondial.

2 – L’isolement des porteurs de virus est difficile à envisager à la fois du point de vue moral et éthique, (cependant il mérite une réflexion profonde car si l’épidémie continue à 3′étendre, nous risquons de nous retrouver assez rapidement devant une réaction de masse de la population).

3 – Le contrôle de la prostitution paraissent possibles et nécessaires car il s’agit d’un facteur très important de con­tamination. Les arguments féministes de l’après-guerre n’ont plus de raison d’être car la prostitution masculine est largement déve­loppée. Les recettes fiscales qui en seraient retirées pourraient être directement reversées aux organismes de recherche et de pré­vention. La popularité d’une telle mesure faciliterait la mise en oeuvre de cette prostitution « officialisée ».

4 – Le préservatif masculin est depuis longtemps la meilleure protec­tion contre les maladies sexuellement transmissibles, comme le meilleur moyen de contraception d’ailleurs. Pourtant, son usage a toujours été très limité en France et ce n’est pas la vente libre dans la rue qui modifiera les comportements. Le préservatif in­quiète les utilisateurs et l’éjaculation précoce qui est un syndrome extrêmement fréquent chez l’adolescent n’arrange pas les choses. Seule une véritable éducation sexuelle correctement faite dans les lycées pourrait améliorer la situation. Des efforts impor­tants ont déjà été faits dans ce sens mais ils resteront peu effi­caces tant que cette éducation sexuelle sera faite par des parents d’élèves ou des instituteurs. Les cycles de conférences organisés récemment sont une initiative intéressante, cependant il paraît difficile de faire acquérir en quelques heures de cours les notions nécessaires. Cette éducation sexuelle doit en effet aborder les bases de l’anatomie, de la physiologie des activités sexuelles et de la reproduction, les maladies sexuellement transmissibles, mais aussi les aspects pratiques de l’acte sexuel.

2.4. MALADIES GÉNÉTIQUEMENT TRANSMISSIBLES

Type de question : que pensez-vous des manipulations génétiques de l’embryon pour essayer de combattre les maladies génétiquement transmissibles ?

Réponse : effectivement, certaines maladies graves, sanguines, neu­rologiques, musculaires ou métaboliques, ont un mode de transmission héréditaire et leur prévention pose un problème extrêmement grave du point de vue éthique et moral. Les moyens de dépistage de certaines de ces maladies ont été considérablement améliorées sur le foetus in utero dès les premiers mois de grossesse, ce qui peut permettre d’envisager dans certains cas l’avortement thérapeutique, mais cela pose déjà des problèmes moraux. Quant aux manipulations du matériel génétique au niveau cellulaire de l’embryon, il s’agit d’un tout autre problème. Il faut être extrêmement prudent dans cette voie et je pense qu’il faut suivre l’avis du Comité d’Éthique qui a été créé pour cela.

Par contre, on parle peu du Conseil Génétique, alors qu’à l’heure actuelle il est assez simple de connaître le risque pour de futurs parents d’avoir des enfants atteints en l’évaluant en fonction du mode de transmission génétique et des antécédents familiaux. Le rôle du conseil génétique est très important au moment de la consultation prénuptiale.

Remarque : dans l’avenir, un effort d’information objective pourrait être fait pour expliquer le risque génétique et banaliser les tech­niques modernes de fécondation en respectant de façon stricte les règles déontolotiques des CECOS.

2.5. « LE MAL AU DOS »

Type de questions :

1/ que pensez-vous de l’incidence du « mal au dos » sur l’absentéisme au travail ?

2/ pourquoi oblige-t-on les enfants à porter des cartables aussi lourds ?

Réponse : il s’agit vraiment d’une maladie de l’homme moderne. Son retentissement sur la vie économique est considérable puisqu’il touche 20 millions de personnes et provoque environ 10 milliards de francs de dépenses de soins, en sachant qu’il représente presque 30 % des motifs d’arrêt de travail. Les longues heures passées sur les bancs de l’école et du lycée, puis de la faculté, l’utilisation de la voiture, des moyens mécanisés de transport, le travail de bureau, toutes ces activités nuisent à la statique du rachis. Il faut savoir que la majo­rité de la population se tient mal, c’est-à-dire très cambrée avec des muscles abdominaux détendus. Des propositions pratiques peuvent être faites et sont facilement réalisables :

  1. Dès l’école et le lycée, renouvellement du mobilier scolaire qui est devenu trop petit pour la majorité des enfants, provoquant des postures vicieuses de la colonne vertébrale et, surtout, aménage­ment de l’organisation scolaire afin de ramener le poids du cartable à un chiffre raisonnable. Actuellement, un écolier ou un lycéen français est obligé de transporter 20 % du poids de son corps dans son cartable, ce qui est absolument déraisonnable du point de vue médical.
  2. une véritable éducation posturale pourrait être faite lors de l’éducation physique. Il faudrait pour cela que la formation et le nombre des professeurs d’éducation physique soient suffisants.
  3. des films éducatifs réalisés sous la forme de spots publicitaires expliquant l’intérêt et les conditions d’une position correcte, que ce soit dans la vie courante ou dans la pratique sportive, pour­raient être diffusés par des laboratoires pharmaceutiques si on leur donnait la possibilité de le faire.

 

2.6. LES ACCIDENTS DE LA ROUTE

Type de question : que pensez-vous de l’évolution actuelle de la ju­risprudence vis-à-vis des responsables d’accidents de la route, notam­ment quand ils sont en état d’ivresse ?

Réponse : avec 12.000 accidents mortels par an, les accidents de la route font une véritable hécatombe dans la population active, mais aussi chez les enfants, sans compter les handicaps qui sont encore beaucoup plus nombreux. Il est certain qu’une grande partie de ces accidents est provoquée, ou favorisée, par l’ivresse du conducteur responsable. Il est tout à fait exact que la jurisprudence était très laxiste jusqu’à maintenant. La publicité qui est faite autour de l’affaire CELLIER est tout à fait exemplaire et l’opinion publique est tout à fait favorable à un renforcement de la sévérité des peines. Cette tendance mérite d’être prolongée à titre dissuasif et les contrôles systématiques du taux d’alcoolémie y aideront.

A côté de ces moyens répressifs, certaines mesures ont déjà fait la preuve de leur efficacité, le port de la ceinture de sécurité, la limitation de vitesse et l’aménagement des circuits routiers qui de­mandent encore à être améliorés.

A titre éducatif, il faut suivre les initiatives de la Prévention Routière qui sont très intéressantes et efficaces, notamment par le biais de la télévision au moyen de spots publicitaires.

Un bilan de santé mériterait d’être institué de façon obligatoire tous les 20 ans avant l’âge de 60 ans, puis au moins tous les 5 ans au-delà (il devrait être fait par des médecins agréés par les assurances afin de ne pas être sensibles au « clientélisme »).

 

2.7. L’ALCOOLISME

Type de question : que pensez-vous de l’alcoolisme chronique dont est victime la France ?

Réponse : ce sujet est extrêmement délicat et peu de personnalités politiques ont eu le courage de l’aborder. L’alcoolisme tue environ 80.000 personnes par an en France et grève considérablement le budget de la Sécurité Sociale car les alcooliques chroniques remplissent nos hôpitaux. Il faut également souligner que dans certaines régions un enfant sur 300 naissances porte des séquelles de l’alcoolisme chro­nique de ses parents avec une diminution importante de ses capacités intellectuelles (syndrome énolique foetal de Lemoine),

Sans vouloir nuire aux intérêts économiques en jeu, certaines mesures pourraient faire évoluer la situation dans le bon sens :

  1. c’est dès l’école et le lycée que l’on devrait apprendre aux jeunes les méfaits de l’alcool. Il serait assez simple d’envisager un cours expliquant ses effets sur le métabolisme du corps humain et ses complications au niveau du foie, du système nerveux, …
  2. une politique adaptée des prix devrait favoriser les boissons non alcoolisées, eaux minérales et jus de fruits. Tant que le « ballon de rouge » restera la boisson la moins chère dans les débits de boisson, la France n’aura que l’alcoolisme qu’elle mé
  3. Il existe actuellement un débat sur la publicité vantant les mé­rites des boissons alcoolisées : les publicitaires ont souvent tendance à utiliser les thèmes porteurs, comme le sport ou les sym­boles sexuels qui influencent de façon tout à fait insidieuse le consommateur et notamment les jeunes. Une telle publicité est évi­demment dangereuse sur le plan de la santé Il serait assez simple de la qualifier de publicité mensongère car tout sim­plement l’alcool diminue les performances physiques ou autres. Les seuls critères retenus pour de telles publicités devraient être la qualité du produit, son mode de préparation, son origine …

 

2.8. LE TABAGISME

Type de question : que pensez-vous des mesures prises actuellement contre les fumeurs dans les lieux publics ?

Réponse : quand vous êtes dans une pièce fermée ou un lieu public, il suffit d’un fumeur pour gêner et pour intoxiquer les autres. Pourquoi la France reste-t-elle artificiellement coupée en deux comme dans les wagons de la S.N.C.F., avec d’un côté les fumeurs et de l’autre les non-fumeurs, alors que c’est à peine 5 % des gens qui fument et qui enfument les autres ? La solution la plus radicale serait d’interdire complètement de fumer dans les transports en commun. Une solution intermédiaire pour la S.N.C.F. serait d’avoir un seul wagon fumeur ou un fumoir par train.

De toute façon, à côté de ces mesures répressives, il faut renforcer l’éducation de la population au sujet du tabac dès l’école, et au-delà.

Il s’agit d’une véritable drogue dont les méfaits devraient être clai­rement expliqués. La vérité est de dire que tous les services de pneumologie et de vasculaire et qu’un grand nombre de services de cancérologie sont remplis par des grands fumeurs.

D’autre part, chaque fumeur doit comprendre que si la fumée qu’il inhale est mauvaise pour sa santé, celle qu’il exhale est dangereuse pour son entourage, surtout pour les personnes âgées et les enfants,

La publicité pour le tabac est contrôlée mais ce ne sont que des demi-mesures car elle est réapparue de plus belle sur des thèmes porteurs influençant fortement notre jeunesse, notamment le sport automobile, le cyclisme, le nautisme. Les mêmes critiques que pour la publicité en faveur des alcools peuvent être faites.

Pour terminer, nous ne pouvons pas prétendre envisager des mesures préventives contre le tabagisme alors que l’État lui-même en possède l’un des symboles. En effet, la Régie Française des Tabacs est fina­lement subventionnée de façon indirecte par la Sécurité Sociale. Sa dénationalisation mériterait d’être au programme d’une politique at­tentive à la santé des français.

 

2.9. LA TOXICOMANIE

Type de question : que pensez-vous de la toxicomanie et en particulier de la réaction de Georges APAP, vis-à-vis des méthodes répressives utilisées actuellement par le Gouvernement ?

Réponse : les contrôles et la répression policière sont indispensa­bles. Il est certain qu’il ne faudrait pas qu’elle s’étende de façon trop sévère et parfois injuste contre les victimes de la toxicomanie. L’effort essentiel doit porter contre les responsables des réseaux de fabrication et de vente de la drogue.

Mais le problème essentiel n’est pas là ! La toxicomanie fait 120 morts par an par overdose en France. Et, à côté des drogues dures, il ne faut pas oublier les drogues douces qui sont nombreuses, notamment la marijuana et le haschisch. Elles forment le début du chemin qui mène à la véritable toxicomanie.

Le Corps Médical a fait un effort important, notamment en créant des services spécialisés qui prennent en charge les toxicomanes. Des pro­grès ont été faits dans les cures de désintoxication, mais cela ne résout toujours pas les véritables problèmes. En effet, l’expérience du Père JAOUEN qui emmène depuis longtemps des jeunes drogués sur un grand voilier est tout à fait intéressante. Il n’y a pas de drogue à bord et les lavages d’estomac sont obtenus naturellement. La cohésion de groupe qui existe à bord d’un bateau favorise la désintoxication. Par contre, le Père JAOUEN avait très bien compris que le problème n’était pas la désintoxication en elle-même, mais le débarquement, c’est-à-dire la réinsertion dans la vie sociale et dans le travail de ces adolescents.

Tout le problème est là : la toxicomanie, comme l’alcoolisme d’ail­leurs, chez les jeunes, répond à une angoisse, à une fuite devant notre société moderne. C’est en faisant un effort considérable pour améliorer notre cadre de vie et en redonnant à notre jeunesse des projets à long terme que nous pourrons enrayer cette aggravation inexorable.

 

3 . CONCLUSION

L’ÉDUCATION, L’INFORMATION ET LES CONTRÔLES SYSTÉMATIQUES OBLIGATOIRES SONT LES TROIS GRANDS VECTEURS INDISSOCIABLES DE LA PRÉVENTION.

Les médecins ont un rôle fondamental à jouer dans cette éducation et cette information de la population en matière de santé. Quelques uns ont déjà franchi le pas en devenant de véritables professionnels du journalisme, de la publicité, de l’économie dans le domaine médical. Cependant, c’est le médecin praticien qui reste le plus efficace sur le terrain.

  1. Tout se joue presque dès l’enfance et l’adolescence et c’est à ce niveau que l’effort d’innovation devrait être le plus important :

1.1 – la médecine scolaire devrait sortir de son rôle de dépistage et prendre en charge l’éducation au sens large des problèmes de santé dans le primaire et le secondaire. Seuls de vérita­bles médecins peuvent prétendre enseigner les éléments de base du corps humain, des maladies, des méfaits de l’alcool, du tabac, des drogues et de l’éducation sexuelle. Cette extension des compétences du médecin scolaire à l’enseignement ne vien­drait pas en compétition avec celles des instituteurs et des professeurs qui n’ont pas la formation et les connaissances suffisantes pour aborder correctement ces sujets difficiles. De plus, il s’agirait d’une discipline nouvelle qui n’existe pas à l’heure actuelle.

1.2. l’aménagement du temps scolaire au bénéfice des activités sportives et artistiques est indispensable pour obtenir une éducation et un esprit équilibrés. Un effort énorme est à faire dans ce sens car ces disciplines sont les parentes pauvres du système actuel. De plus, la formation de ces enseignants devrait être améliorée, notamment pour les profes­seurs d’éducation physique ou les connaissances médicales, psychologiques et les qualités d’éducateur devraient prendre le pas sur les performances physiques et sportives.

  1. L’exemple de la prévention routière qui utilise déjà avec effica­cité la puissance des médias et de la publicité devrait être suivi en matière d’éducation sanitaire et de prévention en général.

Cette évolution a été empêchée pour le moment par l’interdiction de toute publicité pouvant aboutir à la prescription de produits ou de médicaments remboursés par la Sécurité Sociale. C’est cet argument qui a déjà été avancé il y a quelques années pour empêcher la dif­fusion de films éducatifs à la télévision sur le tétanos, ce qui aurait pu augmenter les demandes de vaccins anti-tétaniques ! ! !

Une véritable démarche préventive doit aller à 1’encontre de ce genre d’arguments. Bien au contraire, cette publicité devrait être favorisée, à condition qu’elle ait un véritable intérêt préventif et éducatif et que les producteurs ne fassent pas mention de leur nom ou, à la rigueur, sous forme d’associations.

Dans le même ordre d’idées, il est tout à fait anormal que les publicitaires puissent utiliser les activités sportives comme sup­port pour vanter les mérites d’une marque d’alcool ou de tabac. Il s’agit d’une publicité « mensongère ».

  1. Pour terminer, le système de santé français devrait s’orienter vers une politique « d’investissement à moyen terme » dans la mesure où le système de remboursement des soins par la Sécurité Sociale est basé sur une organisation collective. Le patient, en tant qu’individu, ne devrait pas être considéré de façon isolée. Sans vouloir toucher au libéralisme du système actuel, ni au secret professionnel, la constitution d’un dossier médical personnalisé, qui pourrait être conservé par l’individu lui-même, permettrait de faire des écono­mies considérables. Les avantages du carnet de santé chez l’enfant n’étant plus à démontrer, il pourrait être prolongé à l’âge adulte, à condition que le corps médical s’astreigne à le remplir de façon correcte. Un tel carnet permettrait de faciliter le suivi de l’individu tout au long de sa vie et permettrait d’éviter les répé­titions de consultations, d’examens et de prescriptions inutiles.

 

(Synthèse d’un dossier sur la prévention, l’éducation de la santé et les grands fléaux remis en Janvier 1987 dans le cadre du Groupe Santé du GESEC).

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