L’avenir de l’hôpital


L’avenir de l’Hôpital, comme celui de l’ensemble des systèmes de soins, dépendra des choix politiques qui vont être faits dans les prochains mois. Ils devront être à l’image de la société que nous voulons pour la France: une société libérale, solidaire et responsable.

Il est très important d’avoir pour l’avenir de nos systèmes de soins une vision qui tienne compte du contexte international, en particulier européen. Il faut savoir utiliser l’expérience des autres pays pour ne pas répéter les mêmes erreurs sans hésiter à s’inspirer des choix qui ont fait la preuve de leur efficacité. Cependant il serait très dangereux de les recopier sans les avoir adaptés à nos besoins et à notre culture. De toute façon ces options devront tenir compte de la réalité de l’Europe avec l’existence d’un « marché » de la Santé concernant aussi bien les hommes, les produits et les services.

L’Hospitalisation représente plus de 50% des dépenses de santé sans aucune évaluation des résultats à moyen et à long terme, avec une concurrence de plus en plus importante entre le secteur privé et public et entre les hôpitaux eux-mêmes qui pousse  à  la  consommation.

Il est urgent de faire évoluer l’Hôpital public pour qu’il puisse conserver ses missions de soins et d’accueil pour tous, tout en développant sa capacité de recherche et d’enseignement. Il faut le sortir des ornières de L’hospitalocentrisme et lui demander de remplir les tâches pour lesquelles il est le mieux adapté et redistribuer les autres activités au secteur extra-hospitalier. Il est donc essentiel de ne pas le faire isolément car c’est l’ensemble des systèmes de soins qui doit évoluer en même temps.

La logique comptable est importante mais elle ne suffira pas pour maîtriser les dépenses de santé. Ce sont les mentalités des professionnels de santé et de la population qui doivent évoluer ainsi que les structures de tous les réseaux de soins.

Les  mentalités doivent évoluer, à la fois celles des consommateurs depuis l’école et celles des professionnels de santé depuis le début de leurs études. Il est essentiel que le recrutement, la formation et le déroulement de carrière des soignants valorisent vraiment les soins apportés au malade. Il est essentiel  que la politique de contrôle des dépenses de santé dépasse le cadre de l’épidémiologie et de la consommation immédiate et qu’elle soit complétée par une réelle évaluation des pratiques médicales à long terme.

Les structures des réseaux de soins doivent évoluer, en redonnant d’une part au médecin généraliste son rôle de médecin de famille, acteur central du système de soins ambulatoires et à domicile, d’autre part à l’Hôpital public son rôle d’accueil et de soins lourds ou complexes justifiant une hospitalisation. Le rôle des spécialistes est de fonctionner en complémentarité avec les médecins généralistes et exclusivement pour donner des avis ou assurer des traitements spécialisés.

Cela suppose des actions en profondeur qui mettent à chaque fois l’intérêt du malade et de la collectivité au premier plan.

Cela suppose une véritable volonté de réinventer un système hospitalier qui privilégie  la qualité des soins et leur évaluation.

Il ne faut surtout pas faire une nouvelle loi hospitalière qui entraînerait forcément des réactions corporatistes immédiates, mais apporter des modifications ponctuelles par décrets afin de faire évoluer l’Hôpital en douceur. Le principe n’est pas d’interdire, mais de donner plus de liberté aux intervenants afin de profiter de leur esprit d’initiative à condition de contrôler leur activité. La nouvelle loi hospitalière pourra voir le jour quand le paysage hospitalier aura déjà été préparé, éventuellement   avant   les   prochaines   législatives.

Afin d’aider cette évolution progressive qui touchera l’ensemble de notre système, il faudrait démontrer qu’il est possible de faire autrement en réalisant de façon concrète des projets ciblés définis par contrat avec la tutelle et soumis aune évaluation régulière, pouvant alors servir d’exemples pour les autres. Ceci est vrai pour les hommes et les structures, soit au niveau d’un service, soit au niveau d’un hôpital, soit au niveau d’un ensemble d’établissements ou d’une région. Cela ne pourra se faire que sur la base du volontariat. Cela se fera d’autant plus facilement que le projet  sera  limité  et  la  structure  concernée  petite.

Olivier Badelon* – Septembre 1995

* Membre du Groupe de travail du R.P.R sur l’Hôpital, présidé par le Professeur Christian Cabal, Député de la Loire

dans « LA RÉFORME DE L’HÔPITAL – Réflexions  et propositions sur les Systèmes de Soins et la place de l’Hôpital » (Septembre/Décembre 1995) – Introduction 

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