Le cartable scolaire est une menace pour le dos de nos enfants depuis trop longtemps


 

En France, 3/4 des enfants ont mal au dos pendant leur scolarité et 15% des adolescents ont des douleurs fréquentes. Cela ne doit pas être accepté comme une banalité.

Une douleur du dos chez un enfant doit alerter aussi bien ses parents que les enseignants, le médecin scolaire et son médecin traitant.

Elle justifie une consultation spécialisée au moindre doute, surtout si elle se répète, pour choisir les examens nécessaires et orienter la démarche thérapeutique. Le plus souvent de simples radiographies de la colonne vertébrale en position debout, de face et de profil, suffisent. Un traitement précoce par de simples conseils posturaux et une orientation des activités physiques et/ou de la rééducation, parfois un corset léger caché sous les vêtements et porté à temps partiel, permet souvent d’éviter l’apparition de déformations vertébrales importantes et invalidantes qui peuvent dans les cas les plus graves justifier une intervention chirurgicale majeure.

Quant au cartable qui est souvent un facteur déclenchant, il est prouvé qu’un poids relatif supérieur à 20 % du poids corporel est un facteur de risque, aggravé par la marche et le portage à la main.

Malgré cela, les enfants qui rentrent au collège portent encore des cartables de 8 à 13 kg, ce qui représente 30 à 50% de leur propre poids.

Les conséquences du poids du cartable sont difficiles à évaluer car il faudrait des études longitudinales depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. L’usure du dos des enfants se retrouve forcément à l’âge adulte.

Il ne faut oublier que le « Mal de dos » est l’une des principales causes d’arrêt de travail et qu’il grève le budget de la Sécurité Sociale.

C’est une véritable maltraitance organisée par les adultes. Si on leur demandait de faire la même chose, ils se mettraient immédiatement en grève générale.

Pourtant les solutions existent, car ce n’est pas le cartable qui est en cause, mais bien ce qui est à l’intérieur.

Le monde politique se réveille à chaque rentrée scolaire à l’écho des médias qui sont stimulées par les parents d’élèves, pour se rendormir ensuite sans avoir fait de proposition concrète car cela ne fait pas partie de ses priorités et il rencontre la résistance des professionnels à tous les niveaux, aussi dans l’Éducation Nationale que chez les fabricants de cartable et les éditeurs qui vivent sur le dos des enfants en toute impunité.

Dans un avenir immédiat, la proposition d’un micro-ordinateur pour remplacer le cartable est tout simplement irréaliste. C’est peut-être l’intérêt des fabricants de matériels et de logiciels, ce n’est certainement pas celui de nos enfants. Comment imaginer en l’état actuel un micro-ordinateur assez léger pour alléger vraiment le cartable et assez solide pour résister aux enfants, sans oublier que l’évolution des logiciels obligera toujours un renouvellement très fréquent du matériel, sans envisager le coût d’une telle organisation car il faudra bien la proposer à tous les enfants quel que soit leur niveau social. Les clés USB seront certainement une moyen simple et relativement économique pour transporter des informations mais il faudrait là aussi permettre à tous les enfants d’avoir un ordinateur à la maison à leur disposition ce qui est loin d’être le cas.

Les solutions sont pourtant simples. Elles découlent du bon sens. Elles ne sont pas nouvelles. Elles ont été faites et répétées depuis longtemps. Elles ont été publiées dans des journaux et à la télévision. Elles ont même été proposées à l’Éducation Nationale et aux éditeurs sans aucune suite.

Ces propositions sont les suivantes :

1 – Prendre seulement ce qui est nécessaire pour la journée et ne plus emporter la totalité des livres et des cahiers.

2 – Remplacer les gros cahiers par des feuilles rangées dans un classeur ou par de petits cahiers à renouveler à la demande, ce qui évitera en plus de gâcher du papier car ces gros cahiers ne sont bien souvent pas utilisés entièrement.

3 – Remplacer les livres par des fascicules édités comme des journaux hebdomadaires qui seront tout aussi résistants.

4 – Attribuer aux enfants une classe personnalisée pour éviter les déplacements inutiles et faire bouger les enseignants, ce qui en plus responsabilisera les enfants vis-à-vis des locaux et du matériel.

5 – Changer les rythmes scolaires en regroupant les matières intellectuelles le matin et en réservant l’après-midi pour les activités sportives et artistiques, avec un temps d’études en fin de journée avant de rentrer à la maison.

6 – Donner aux professeurs la formation et les moyens pour animer leurs cours sans avoir besoin de livres en classe, notamment grâce à l’informatique et aux moyens multimédias dont il faudrait équiper les établissements.

Cette démarche demande la coopération de tous les adultes. Les politiques peuvent montrer la voie. C’est aux enseignants et en particulier aux décideurs de l’Éducation nationale de modifier leurs habitudes et l’organisation scolaire qui est complètement figée. C’est aux éditeurs d’évoluer dans la fabrication des livres scolaires car l’allègement des couvertures ne suffit pas. Les fabricants de cartables continueront à fabriquer des cartables qui seront forcément plus légers puisque leur contenu aura été considérablement diminué. C’est aussi aux parents d’aider leurs enfants à mieux s’organiser pour préparer leur cartable en le vérifiant tous les jours.

Il suffirait que chacun essaye de porter sur son dos 30 à 50% du poids de son corps pour se rendre compte de l’urgence de la situation.

Merci de réagir à ces propositions et d’agir concrètement pour préserver le dos de nos enfants.

Olivier Badelon.

 

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