La formation du médecin généraliste devrait correspondre à la formation de base de tous les médecins praticiens. Ce devrait être l’objectif prioritaire de la Faculté de médecine au cours des deux premiers cycles d’études.
Cela pose d’emblée le problème de la sélection et de la formation initiale. Les qualités humaines et littéraires, l’aptitude à parler et à écrire le français de façon claire et intelligible, la connaissance de langues étrangères européennes et en particulier de l’anglais, la connaissance de certains textes législatifs, de rudiments de droit et de la déontologie sont beaucoup plus importantes que les mathématiques, la physique et la chimie pour devenir un bon médecin. C’est seulement à la fin du deuxième cycle que doit se faire le tri entre ceux qui deviendront des médecins généralistes et ceux qui deviendront des médecins spécialistes.
Le scientisme de la sélection en Faculté de médecine que nous connaissons depuis vingt ans est en partie responsable de la gabegie que nous avons aujourd’hui. La sélection des étudiants par QCM a encore aggravé cette situation. Elle facilite le travail des correcteurs, mais elle supprime tout raisonnement en faisant appel à une mémoire automatique qui est bien éloignée de la démarche médicale.
La nécessité de la Formation médicale continue est une évidence, encore faut-il qu’elle puisse être suivie et que cette assiduité soit contrôlée; encore faut-il que la qualité des formations soit évaluée. Malheureusement le choix d’organisation a été celui d’un système étatisé avec la complicité des syndicats et des organismes officiels qui sont les premiers servis. Le financement de cette formation continue est obligatoire à la source par le biais de l’impôt, mais en retour, ce ne sont pas les médecins qui en bénéficient directement de façon équitable et il n’existe pas de contrôle de qualité.
Il serait beaucoup plus simple et plus équitable que la formation médicale continue soit une obligation pour chaque médecin avec un autofinancement personnel fiscalement déductible même pour les salariés. Cette formation peut être variée : abonnement à des revues, stages auprès d’organismes reconnus comme formateur, journées ou congrès dont la qualité serait évaluée par les médecins eux-mêmes avec un label de qualité délivré par les Sociétés scientifiques et ou le Conseil de l’Ordre des médecins. Le contrôle de la formation médicale continue de chaque médecin serait fait de façon régulière par le Conseil de l’Ordre des médecins avec la vérification d’un carnet de formation.
Olivier Badelon
dans « Allo Docteur, la France est malade » (2002) – Chapitre X
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