L’informatique médicale est devenu indispensable


L’informatique médicale est devenu un outil incontournable, mais il faut l’utiliser de façon adaptée à la pratique quotidienne et à la déontologie.

L’informatique a considérablement amélioré les possibilités de gestion et de communication des informations, mais il faut savoir l’adapter à l’usage médical en ayant conscience de ses limites et de ses effets pervers qui peuvent remettre complètement en question les fondements même de l’éthique médicale, notamment le secret professionnel.

L’informatique est un moyen d’améliorer la gestion de la clientèle et du dossier médical, mais il est essentiel de rappeler que les informations concernant le patient sont strictement confidentielles et qu’elles ne peuvent pas être communiquées à un tiers quel qu’il soit, c’est l’une des règles essentielles défendues par la Loi « Informatique et Liberté ».

Il faut donc que les bases de données contenant les informations médicales soient protégées par des codes d’accès confidentiels et régulièrement changés. Cependant n’importe quel code peut être détourné et le danger de vol d’information est d’autant plus important que le système est moins personnalisé. Ce danger est maximum dans les hôpitaux. En effet, l’utilisation frauduleuse de certaines informations est inévitable si elles sont accessibles à des personnes extérieures sous quelque forme que ce soit. Ce danger est encore augmenté par les liaisons téléphoniques et les possibilités d’Internet. Il est donc logique d’isoler les ordinateurs contenant les informations médicales de toute liaison téléphonique avec l’extérieur.

Il faut savoir que le Pentagone, Microsoft, des entreprises privées, des banques, des sites Internet ont été piratés jusqu’au cœur de leur système malgré des systèmes de protection réputés inviolables.

La transmission d’information médicale nominale devrait probablement être interdite sur Internet, car elle peut faire l’objet d’indiscrétion même avec des systèmes de cryptage sophistiqués, car aucun ne peut être suffisamment fiable pour résister aux inquisitions d’informaticiens malveillants. Cela n’empêche pas la communication sur des réseaux Intranet à condition qu’ils soient sécurisés et complètement exclus des appareils branchés sur Internet. La solution est probablement de séparer la communication des informations médicales de la communication des informations nominales quand ces dernières sont indispensables.

La carte Vitale est une erreur complète, même si elle fonctionne correctement. Ses inconvénients sur le plan comptable ont déjà été soulignés car elle va générer des dépenses au lieu de les limiter. Elle va surtout permettre de contourner la Loi informatique et Liberté. En effet, une administration n’a pas le droit de conserver des informations nominales plus de deux ans dans ses fichiers informatiques. L’utilisation régulière d’une carte médicale quelle qu’elle soit par les patients permettra donc à l’administration de réactiver régulièrement ses fichiers sans contrevenir à cette loi.

Par contre l’informatique peut être un moyen d’améliorer l’analyse de l’épidémiologie et des pratiques médicales par le codage systématique des diagnostiques et des actes, à condition que ces informations soient gérées par un ou des organismes indépendants de l’administration publique et des organismes de remboursement, et à condition que ces informations soient transmises sans être liées, de quelle que façon que ce soit, aux coordonnées des patients concernés, même protégées par un cryptage.

 C’est tout l’intérêt de créer un structure officielle d’analyse de ces informations qui soit sous la responsabilité du Conseil de l’Ordre avec un contrat d’objectifs définis par les tutelles. Cette structure devrait même être organisée d’emblée au niveau européen car c’est à ce niveau qu’il faudrait se placer très rapidement dans un espace de la Santé qui est déjà européen.

La prime à l’informatisation et la carte Vitale sont des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. L’acceptation de cette prime va faire rentrer le médecin concerné dans un système de collaboration collective complètement déshumanisé qui risque de devenir incontrôlable. C’est un piège, que l’on peut espérer inconscient de la part de ses inventeurs qui ont dû être éblouis par la facilité d’utilisation de leur carte bancaire. C’est un piège, pour faire rentrer les médecins dans un système obligatoire qui est contraire aux valeurs éthiques de la pratique médicale et aux valeurs morales de notre société.

Par ailleurs la prime à l’informatisation qui est proposée est redondante puisque l’acquisition du matériel informatique rentre déjà dans les frais professionnels.

Olivier Badelon

dans « Allo Docteur, la France est malade » (2002) – Chapitre XV

Pas encore de commentaire... Lancez-vous!

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :