1 – Il est essentiel que l’Hôpital universitaire conserve un recrutement général et des cliniciens en nombre suffisant.
1.1/ C’est la seule garantie de l’égalité de l’accès aux soins pour tous car les Centres hospitaliers universitaires ont pris une place prépondérante dans notre système hospitalier, avec une dotation en moyens humains et matériels qui est privilégiée par rapport aux autres hôpitaux.
1.2/ La vocation première de la Faculté de médecine est de donner aux médecins une formation de base indispensable pour la médecine générale et il est reconnu que l’enseignement « au lit du malade » est prépondérant dans le cursus de formation. Cet enseignement de base doit être valorisé alors qu’il est trop souvent délaissé au profit des spécialités et des techniques de pointe qui attire les activités de recherche et les médias.
1.3/ D’une façon générale, il faut valoriser l’enseignement avec une sélection des futurs enseignants sur des critères de clinicien et non pas de chercheur. Cette sélection doit être faite après une période d’apprentissage suffisamment longue avec une évaluation permanente de la qualité de cet enseignement par les étudiants eux-mêmes sous contrôle des responsables de la Faculté.
1.4/ Il faut également poser le problème fondamental de la prépondérance des disciplines scientifiques au détriment des disciplines cliniques car cela influe sur la formation et la sélection des étudiants, puis plus tard sur leurs comportements. La prépondérance de la technique sur la clinique est probablement une des causes de l’inflation des dépenses de santé .
2 – La diminution du nombre d’étudiants dans les Facultés de médecine doit faire proposer des restructurations et une évolution des carrières.
2.1/ Dans l’intérêt des étudiants, ces restructurations doivent répondre à une unité de lieu autour des Facultés pour leur éviter les transports inutiles entre les amphithéâtres et l’Hôpital.
2.2/ Dans l’intérêt du bon fonctionnement de tous les services, il est plus logique de concentrer les services universitaires dans les mêmes hôpitaux que de vouloir créer des services CHU et hors CHU, ce qui reviendrait à balkaniser complètement les hôpitaux concernés avec des conflits d’intérêt pour l’attribution des moyens.
2.3/ Il est plus logique d’accepter la diminution du nombre d’enseignants en donnant aux universitaires des fonctions différentes et non cumulables d’enseignant ou de chercheur. Les PUPH-enseignants auraient alors l’obligation de faire personnellement les cours en Faculté.
2.4/ Cette évolution doit également prendre en compte l’enseignement qui est fait au lit du malade par tous les praticiens hospitaliers exerçant dans l’Hôpital concerné. Cela peut être fait en donnant le titre de Professeur de Clinique aux PH exerçant en CHU. Il s’agirait d’un titre qui ne donnerait pas droit à une rémunération mais qui aurait son importance dans le cursus du praticien. Cela peut même devenir une étape indispensable avant de pouvoir concourir pour un poste de PUPH-enseignant.
3 – L’activité de recherche qui est devenue très importante doit être valorisée à part entière, identifiée et évaluée.
3.1 / C’est l’intérêt de créer des postes identifiés de PUPH-chercheurs à partir d’une partie des postes de PUPH existants et de développer les postes de PH-chercheurs tels qu’ils existent actuellement à l’AP-HP, en partenariat avec l’INSERM, le CNRS ou le secteur privé. Dans tous les cas, ils ont une activité mixte de chercheur et de clinicien mais ils ne peuvent pas avoir de responsabilité dans la gestion hospitalière, notamment au niveau des services.
3.2/ Cela permettra d’identifier et d’évaluer la recherche clinique dans la pratique quotidienne tout en améliorant encore le partenariat avec les organismes de recherche extérieurs à l’hôpital.
4 – Le domaine de la Santé publique est encore insuffisamment développé
4.1/ Les médecins de Santé Publique ont un rôle important dans le domaine de l’économie de la Santé et de l’Epidémiologie, aussi bien comme enseignant que comme chercheur. Ils ont pris récemment une importance prépondérante dans la gestion de l’Hôpital en intervenant dans la conception des systèmes informatiques et dans l’utilisation et le contrôle du PMSI.
4.2/ L’enseignement de la tenue du dossier médical, des stratégies d’évaluation des résultats et des stratégies de prévention demande à être développé.
4.3/ A côté des médecins de Santé publique qui ne sont pas des cliniciens, il faut donner la possibilité à des cliniciens de travailler dans ce domaine qui est fondamental dans le cadre des objectifs de contrôle des dépenses de santé. Il faut donc leur proposer des postes de PUPH mixtes Santé publique-Clinique. Le pré-requis pour un tel poste serait au moins un DEA en Santé publique et des publications ayant démontré l’intérêt du candidat pour l’évaluation des résultats au long terme. Il est très important qu’il garde un poste hospitalier avec une charge de soins.
5 – Il faut que les postes d’enseignants et de chercheurs soient justifiés de façon complémentaire par rapport à leur part hospitalière.
5.1/ L’Hôpital fait à priori une économie en créant un poste hospitalo-universitaire car il ne prend pas en charge les cotisations sociales qui sont à la charge de l’Université. Cela n’est plus une économie quand la justification hospitalière du poste est secondaire. Cela l’est encore moins pour la communauté hospitalière quand la véritable justification du poste est la promotion d’un chercheur sans activité clinique. Il y a d’autres organismes pour les accueillir.
5.2/ De toute façon la part hospitalière d’un poste de bi-appartenant doit être discutée avec les représentants de l’ensemble de la communauté hospitalière, donc les PH aussi bien que les PUPH, en les consultant à part entière dans les instances représentatives.
Dr Olivier Badelon – Membre du Groupe de travail du R.P.R sur l’Hôpital, présidé par le Professeur Christian Cabal, Député de la Loire
dans « LA RÉFORME DE L’HÔPITAL – Réflexions et propositions sur les Systèmes de Soins et la place de l’Hôpital » (Septembre/Décembre 1995) – Chapitre VII
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