La famille : un travail permanent sans retraite


 

SANS RETRAITE AU PROFIT DE NOS PARENTS

Je voudrais insister sur la partie « sans retraite ». Désormais presque toutes les femmes françaises travaillent et cotisent pour une retraite, cependant victimes d’une inégalité bien connue qui est celle d’avoir cotisé pour une seule de leur journée, alors qu’elle travaillent en double journée.

Profession libérale, j’ai eu la chance de travailler dans un domaine où je pouvais adapter mon temps de travail et commencer à travailler mes dossiers quand les enfants étaient couchés et bénéficier dans la journée d’une aide à domicile. Sans compter l’indispensable appui d’un conjoint et des enfants coopérants qui ont très jeunes appris à faire cuire leur repas.

Au delà de cette double journée d’activité pour l’éducation des enfants, je voudrais insister sur la notion de « sans retraite » au sens propre du terme, car les femmes doivent désormais faire face à une autre activité.

Ce sont les femmes en majorité qui assument la charge des aînés. A l’âge où les enfants sont élevés et qu’elles pensent pouvoir enfin vivre pour elles-mêmes, sans courir après le temps, voilà que leurs parents doivent être pris en charge : maladies d’Alzheimer, Parkinson, AVC, cancers et multipathologies… Il faut non seulement assurer le suivi des soins médicaux, mais aussi organiser la vie quotidienne, gérer les auxiliaires de vie, assurer les nuits, subir les crises de souffrance et l’hostilité des frères et sœurs qui au nom de leur douleur et de leur impuissance, ont la critique permanente, surtout au moment de prendre la décision douloureuse du transfert en maison de retraite.

Ma douce retraite, au lieu d’être consacrée à réaliser mes rêves, est consacrée à l’aide apportée à maman ou à faire face aux frasques de papa, alors qu’ils ont eux-mêmes bien profité de leur retraite, en m’aidant un peu tout de même à s’occuper de leurs petits enfants, l faut le reconnaître.

L’assurance dépendance n’y suffira pas. Pour aider les aidants, l’argent ne suffit pas tellement la composante affective est importante. De même qu’il est conseillé d’organiser sa grossesse quand on est une femme active, il est recommandé d’organiser sa propre dépendance et faire le nécessaire pour organiser celle de nos parents lorsqu’il en est encore temps.

Chaque personne prévoyante fait son testament, de même elle devrait rédiger son mandat de protection future qui organisera sa propre dépendance et déterminera à l’avance ce qu’elle attend de son entourage pour faire face à ses propres besoins au cas où elle ne pourrait plus gérer ses affaires elle-même.

Elle n’oubliera pas de désigner la personne de confiance qui l’accompagnera dans ses soins médicaux et surtout en fin de vie.

Il serait bon que les assureurs de protection juridique et les caisses de retraite prennent en charge la consultation juridique qui permettra à chacun d’entre nous de s’organiser pour sa fin de vie et son éventuelle dépendance.

Afin que les femmes aient enfin une vraie retraite.

Marie-Hélène ISERN-REAL

Avocat au Barreau de PARIS, ancien membre du CNB, spécialiste en droit de la famille, des personnes et du patrimoine; Responsable de la sous commission sur les protections des personnes vulnérables.

Consultant  www.aidonslesnotres.fr et www.tutelleauquotidien
 

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