Il est possible d’améliorer la vie étudiante pour faire disparaître la barrière sociale tout en bonifiant le marché du travail, les carrières, la retraite. Il suffit de reconnaître que les études sont un vrai travail et que cela mérite un statut et une rémunération décente, quitte à travailler à mi-temps dans le domaine professionnel choisi par l’étudiant.
Le suicide tragique par le feu de cet étudiant mérite que l’on réfléchisse à l’organisation des études supérieures en France, même si il est assez évident que ce jeune homme était très probablement dépressif.
Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir être chez papa-maman pendant ses études, de mettre les pieds sous la table pour ses repas, et d’être entouré par sa famille qui est certainement un support psychologique très important.
C’est bien cette réflexion que je me suis faite quand j’étais étudiant en médecine à Paris il y a 40 ans. Nous étions nombreux à être des « petits bourgeois » privilégiés mais nous avions aussi avec nous des étudiants qui étaient de milieux sociaux très modestes et qui venaient pour certains de la grande banlieue ou de provinces éloignées.
Il y avait déjà des restaurants universitaires qui nous permettaient de nous nourrir très correctement à un prix défiant toute concurrence, une cité universitaire ouverte surtout aux étudiants étrangers, mais la vie quotidienne était tout de même difficile.
Je me souviens d’une bretonne dont les cheveux blonds bouclés faisaient mon admiration que j’ai invité un soir pour se joindre à nous et qui m’a répondu très gentiment qu’elle travaillait à cette heure dans un supermarché comme caissière pour payer son loyer car sa bourse était insuffisante.
Je me souviens de cette amie, dernière enfant d’un famille nombreuse, dont le père était pasteur, qui était obligé de faire des gardes d’infirmière la nuit pour vivre correctement car sa bourse lui permettait tout juste d’acheter ses livres et sa papeterie.
C’est un quinzaine d’années plus tard que Jean de Savigny, Directeur des Affaires médicales de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, m’a donné l’occasion de faire des propositions dans l’organisation de l’Hôpital en me prenant à ses côtés comme conseiller médical. Je pouvais intervenir « sans langue de bois » dans ses réunions de travail et il m’a demandé de faire des rapports notamment sur les carrières médicales. Ce rapport comme les autres a certainement inspiré le Ministère de tutelle car cela a permis la création du statut de Professeur honoraire en fin de carrière, mais mes autres propositions n’ont pas été retenues.
Ma première proposition était de donner un statut et un salaire décents aux étudiants en Médecine dès leur rentrée à l’hôpital où ils travaillent l’après-midi et bien souvent prennent des gardes de nuit pour compléter les équipes médicales. En effet, contrairement à ce que pensent certains, les étudiants travaillent réellement à mi-temps, mais leur reconnaissance est ridicule et leur temps de formation n’est pas reconnu dans le calcul d’ancienneté pour leur carrière hospitalière, alors que les fonctionnaires ou assimilés qui rentrent dans les grandes entreprises d’état sont rémunérés dès le début avec un travail adapté et un calcul de leur ancienneté dès la première embauche.
Cette proposition si elle était appliquée permettrait de bonifier l’ensemble de la carrière hospitalière sans toucher à la grille de salaire des fonctionnaires, depuis la période de formation jusqu’à la retraite, avec justement une ouverture à toutes les classes sociales sans discrimination. Il suffirait d’exiger à la sortie de la Faculté de Médecine, un rendu de temps hospitalier, ou de service public dans un dispensaire par exemple, qui pourrait être à plein temps et/ou à temps partiel, avec un équivalent d’une dizaine d’années de temps plein.
Cette proposition pourrait être adapté à la grande majorité des études supérieures à condition de travailler réellement à mi-temps, à la fois pour injecter d’emblée l’étudiant dans le monde du travail et lui permettre de tester plusieurs métiers ce qui lui éviterait de se tromper de voie, et pour améliorer le recrutement des entreprises selon leurs besoins.
Mon cher confrère, Votre article est intéressant Savez vous que les étudiants en médecine qui entrent. En 1 ère année de médecine à l’école du service de santé des armées à Lyon ( Bordeaux santé navale à fermé il y a quelques années) voient toutes leurs années d’école validées pour la retraite et comme beaucoup partent après 25 ans de service ils se retrouvent vers 45 ans avec une bonne retraite certes proportionnelle mais avec le grade de médecin en chef cad colonel qu’ils touchent des qu’ils partent de l’armée C’est hallucinant et ensuite ils s’installent en clientèle privée pour une seconde retraite…donc cumul de retraites…très cordialement
Envoyé de mon iPad
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Cher Philippe – cela fait très longtemps que les militaires ont cette organisation ce qui permet d’ailleurs aux plus modestes de faire des études et d’avoir une rémunération plus rapide. – Ils partent effectivement à la retraite militaire plus tôt sauf ceux qui veulent prolonger dans une carrière plus administrative, mais ils l’ont bien mérité avec un engagement sur le terrain qui dépasse largement celui d’un simple médecin, en rappelant que l’un de leurs vient de mourir en sautant sur une mine, et ils paieront de toute façon des impôts sur leur bénéfice global emploi-retraite. Bien à vous.