Olivier Badelon, le 1er Novembre 2020
La pandémie du Covid-19 a provoqué une crise sanitaire économique et sociale sans précédent depuis très longtemps et nous avons été nombreux à réagir sur les réseaux.
Certains pensent que l’attitude la plus raisonnable est d’obéir sans réfléchir en considérant que le gouvernement a toujours raison même quand il change d’avis et de discours d’un jour à l’autre, sous la pression des sondages, des RG, des syndicats, des « scientifiques », de leurs proches, et peut-être sur l’oreiller.
Personnellement, comme beaucoup d’autres, j’ai préféré faire des propositions en prenant un peu de recul par rapport aux informations souvent contradictoires venant des médias, et trop souvent de revues « scientifiques » de renom malheureusement financées et contrôlées par ceux qui influencent et conseillent nos gouvernements.
C’est cette deuxième voie, qui n’est pas une désobéissance ou une rébellion civile, que j’ai choisi dans la continuité de l’éducation que j’ai reçu de mes parents et de mes maîtres pendant mes études de Médecine et ma formation de chirurgien.
Élevé depuis l’enfance avec le souvenir de l’engagement de mes grands-pères sur les champs de bataille, et éduqué dans le respect et l’obéissance du capitaine en mer parfois furieuse, du guide en montagne dangereuse même avec un soleil éclatant, j’ai toujours gardé un esprit ouvert, parfois rebelle, en discutant avec ma hiérarchie et en faisant des propositions qui ont trop souvent dérangé les privilèges établis et la pensée unique centrée sur l’hôpital public.
Médecin et chirurgien formé dans les années 1969-1980, j’espère avoir acquis une certaine logique et un bon sens qui m’ont servi pour soigner et aussi pour réfléchir à l’évolution de nos sociétés en faisant des propositions concrètes.
J’ai commencé à réfléchir et à faire des propositions depuis les années 1980 avec des rapports en tant que Conseiller médical destinés à la Direction de l’Ap-Hp et à la tutelle qui ont servi de références et inspiré l’organisation des urgences, de l’hôpital de jour, des carrières, des associations caritatives … et même du plan Juppé, avec malheureusement une déformation de mes idées directrices et les conséquences que nous connaissons aujourd’hui.
Ce qui se passe en ce moment est la conséquence de 40 ans d’une politique comptable à courte vue, conseillée par des économistes de la Santé et par une nomenclature universitaire éloignée du terrain.
Certains diront que je suis un yakafaucon, que j’ai un égo surdimensionné ou que je m’engage dans des domaines où je ne suis pas compétent.
Je considère que mon devoir de médecin est de réagir quoiqu’il en coûte.
Il faudra absolument mettre au clair ce qui s’est passé ces derniers mois car il est évident que ceux qui ont surtout profité de cette crise sanitaire transformée en crise économique et sociale, sont les maîtres des réseaux et des systèmes de la grande distribution informatisée, et tous ceux qui avaient déjà prévu le crack boursier annoncé depuis plusieurs mois, car ils avaient certainement préparé le cash nécessaire pour racheter à la baisse les actifs qui n’avaient rien perdu de leur vraie valeur.
Cela est évident aussi bien à titre individuel que national, la Chine en est un exemple frappant car elle a pu rapatrier ainsi ses avoirs, comme elle le fait aussi depuis longtemps avec son patrimoine artistique.
Sans les accuser d’avoir provoqué ce séisme boursier, ils en ont bien profité.
Ceux qui brandissent l’ISF en France n’ont rien compris car ce sont bien les mouvements de la Bourse qu’il faut regarder et comprendre.
Revenons à ce Covid-19 qui était nouveau il y a un an et qui ne l’est plus, même s’il garde encore quelques secrets.
Il s’agit tout de même d’un Covid dont la famille est responsable depuis bien longtemps des rhumes hivernaux.
Sans vouloir polémiquer, les règles de base de l’hygiène qui ont été l’un des plus grands progrès de la médecine restent valables, et elles auraient dû être apprises à toute la population et respectées depuis longtemps. Il ne faudra pas les oublier!
Une fois que l’on a admis que ce virus puisse muter presque à chaque fois qu’il change d’hôte, il est assez simple de comprendre que l’on puisse retomber malade à plusieurs mois d’intervalle si notre système immunitaire est fragile alors que les résistants ne seront presque jamais vraiment malades, comme pour la grippe saisonnière.
Il faut bien comprendre qu’il va falloir vivre avec, et que l’attitude à avoir est de vivre en se donnant les moyens de soigner au lieu de chercher à lui échapper en confinant de façon plus ou moins efficace toute une population.
En effet, ce virus est parmi nous depuis au moins un an avec des preuves médicales de son caractère pathogène, notamment des scanners pulmonaires avec des images typiques analysées a posteriori.
Nous sommes nombreux à penser que le confinement ne sert pas à grand chose, à peine à ralentir la contamination, avec cette fois-ci l’inconvénient majeur de se retrouver cet hiver avec un Covid-19 bis encore très agressif (en plus de la grippe saisonnière d’autant que les doses de vaccin sont déjà épuisées dans de nombreuses pharmacies) alors qu’une absence de confinement, ou au moins un déconfinement total en mai, aurait probablement permis d’obtenir une immunité collective à un moment où l’été aurait permis de minimiser l’agressivité du virus.
Quant à la vaccination elle risque d’être tout aussi inefficace que pour le SIDA et si elle est efficace elle ne le sera probablement pas plus, sinon moins, que le vaccin de la grippe saisonnière dont l’efficacité est seulement de 30 à 60%.
J’ai écrit ce que je pensais du « syndrome du confinement chinois », alors que la Chine a confiné seulement une région de façon drastique en laissant le reste de ce grand pays vivre normalement, avec un nombre de morts beaucoup plus important qui a été caché.
Ce n’est pas le discours d’un médecin français possédant une clinique à Wuhan, et continuant à y travailler avec une autorisation administrative dans un pays totalitaire, qui pourrait nous faire croire le contraire.
Comment ne pas penser que ce « syndrome du confinement chinois » n’a pas atteint les grandes fortunes et les dirigeants du Monde entier, tout du moins des pays appelés « riches », donc avec a priori un système de soins plus ou moins efficace, à cause du risque d’être atteints eux-mêmes ou leurs proches par un virus qui semblait très dangereux sans traitement connu.
Cela n’a pas été le cas pour tous, notamment en Suède, et bien sûr dans les pays « pauvres » qui n’avaient pas les moyens de faire quoi que ce soit.
Les chiffres peuvent être manipulés dans tous les sens mais au final, ce seront les nombres de morts et de malades chroniques qui devront servir de référence pour analyser ce qui a été fait et se préparer à la prochaine pandémie qui risque d’être beaucoup plus sévère.
J’ai eu moi-même une embolie pulmonaire en janvier ce qui m’a alerté quand j’ai appris que le premier français décédé du Covid était en fait mort d’une embolie pulmonaire non diagnostiquée.
J’ai pensé qu’il s’agissait d’une complication du décubitus prolongé. Il s’agissait peut-être déjà de la complication majeure de ce virus, complication qui a été mise en évidence peu après par un médecin New-yorkais et en France par des médecins généralistes et des hospitaliers qui avaient réussi à se mettre à l’écart du débat anti-Raoult.
Nous sommes nombreux à penser, et c’est ce que j’ai écrit depuis le début, qu’il fallait et qu’il faut plus que jamais, vivre normalement en respectant les gestes barrières (lavage fréquent des mains, port du masque quand on est malade, distanciation physique en évitant d’embrasser n’importe qui,…), protéger les personnes à risque par un véritable isolement et des masques efficaces, tester les malades et surtout les soigner dès les premiers symptômes même en l’absence de test, soigner avec tous les moyens disponibles le plus tôt possible en faisant confiance aux médecins de terrain, en première ligne les médecins généralistes, pour éviter la dégradation respiratoire, en insistant sur les complications vasculaires qui sont restées ignorées trop longtemps, en utilisant tous les moyens d’hospitalisation avec une véritable coopération entre le public et le privé, en acceptant si besoin de démultiplier l’action des soignants en réanimation autour des médecins et du personnel infirmier spécialisé par des soignants venant d’autres services, et pourquoi pas, par du personnel intérimaire volontaire et motivé, en priorité des étudiants dans les professions de santé.
Cette dernière proposition heurte encore certains spécialistes hospitaliers qui craignent une dévalorisation de leur profession, crainte qui a été transformée par le gouvernement en impossibilité d’augmenter le nombre de lits hospitaliers de réanimation justifiant ce nouveau confinement.
Il n’en est rien car c’est une solution provisoire en période de crise majeure.
Heureusement cette mobilité du personnel soignant s’est faite spontanément dans certains hôpitaux et surtout dans des cliniques fonctionnant en réseau qui n’ont pas hésiter à réserver des établissements entiers au Covid-19 alors que d’autres prenaient en charge les urgences et les pathologies chroniques sévères.
Ces initiatives n’ont pas été suffisamment utilisées pendant les premiers mois et elles méritent d’être amplifiées jusqu’à la fin de cette crise sanitaire.
Il faudra bien sûr faire ensuite un effort considérable pour réorganiser notre système de soins.
Je doute que le Ministre de la Santé en place en soit capable car il fait partie de cette nomenclatura qui est responsable de l’état actuel de l’Hôpital et de notre système de soins.
En tout cas l’urgence est de changer de politique car la gestion de cette crise sanitaire nous fragilise encore plus que le Covid lui-même, détruisant notre économie et augmentant les fractures sociales et culturelles, nous mettant en danger aussi bien en interne avec le risque terroriste que sur la scène internationale avec dans l’immédiat les coups de butoir d’un sultan qui rêve de rétablir l’empire ottoman et de conquérir l’Europe.
Tout est lié et les conséquences seront catastrophiques si nous ne réagissons pas correctement très rapidement.
Ce n’est pas la déclaration récente de Olivier Véran sur les fêtes de Noël et une probable troisième vague qui peut me rassurer!
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